Services aux 40 ans+
Services aux entreprises

Les blessures professionnelles et la dignité

Se retrouver sans emploi, c’est comme se retrouver amputé d’une partie de son identité. Lorsque, en plus, il y a blessure, l’estime de soi est si fortement ébranlée, qu’on a du mal à se sentir « digne ». Les blessures professionnelles affectent presque immanquablement le sentiment de dignité. On est temporairement fragilisé.

À titre de conseillère en gestion de carrière, nous savons que, pour un temps, les personnes en perte d’emploi ne sont plus tout à fait elles-mêmes. C’est notre regard sur leur expérience, leurs compétences, leur valeur, qui aide à raviver leur sentiment de dignité et leur « force ». Parce que nous nous souvenons, qu’il y a quelques temps, ces gens étaient en emploi et considérés « dignes et respectables », nous pouvons leur permettre d’avoir un regard plus confiant vers l’avenir. À travers l’écoute, la compréhension et l’analyse des besoins, les solutions prennent forme et la recherche d’emploi devient plus motivante.

Les principales blessures professionnelles

Le congédiement

La plus grande blessure est probablement le congédiement. Les effets sont la dévalorisation, l’humiliation, le doute et l’atteinte à la réputation, sans compter la baisse imprévue du niveau de vie.  C’est toujours souffrant et plusieurs s’en sortent avec des séquelles. Bien qu’il soit préférable d’avoir une assistance psychologique professionnelle, beaucoup « passent à travers » par eux-mêmes et c’est souvent eux qui sont à risque de porter plus longtemps des conséquences limitantes.

Comme conseiller-ères en transition et gestion de carrière, nous intervenons au niveau du repositionnement professionnel :

  • Traiter la question du « congédiement » en entrevue : Le dire ou non? Comment le dire?
  • Évaluer les conséquences réelles sur la réintégration au marché, au « milieu »
  • Vérifier, si possible, la présence de références négatives
  • Établir des stratégies pour « réparer » les dommages à la réputation
  • Explorer les possibilités d’un changement de milieu
  • Mettre la lumière sur les compétences
  • Faire un bilan des priorités

Ce sont des éléments névralgiques qui, bien « gérés », contribuent à la reconstruction de l’estime professionnelle.

Les relations de travail conflictuelles

C’est une cause très fréquente de perte d’emploi. La plupart des gens qui perdent leur emploi pour cette raison en sortent profondément affectés.  Leur analyse de la situation est souvent paradoxale : c’est la faute à l’autre ou aux autres, mais c’est leur estime d’eux-mêmes qui est à la baisse comme s’ils étaient en faute… Parfois, c’est leur faute, mais ils ont une raison qui le justifie.

Au bout du compte, plusieurs optent pour un type d’emploi plus solitaire où les contacts avec les collègues sont réduits. Les solutions qu’ils apportent sont souvent faussées : ils risquent de choisir un changement de « carrière » plutôt qu’un changement « d’entreprise ».

Comme conseiller-ères en transition et gestion de carrière, nous intervenons au niveau des priorités et motivations professionnelles :

  • Vérifier s’il est réellement question de changement de carrière ou s’il s’agit plutôt de trouver un contexte de travail plus harmonieux
  • Mettre l’accent sur les priorités de base : ce qu’on ne veut plus et ce qu’on veut
  • Identifier le profil professionnel
  • Tenter d’élaborer un contexte d’emploi préférable et même idéal pour obtenir des indications sur les conditions de travail qui importent le plus

En fait, l’objectif de notre intervention est d’aider la personne à trouver un contexte de travail en accord avec ses valeurs et ses priorités. C’est souvent ainsi qu’elle pourra remettre la situation et les événements en perspective et faire des choix plus justes.

La restructuration

On rencontre souvent des clients qui sortent d’une restructuration d’entreprise avec une dynamique d’itinérant. Ils ont perdu leur chez-soi professionnel et ils se sentent démunis. Ils se retrouvent avec une majeure restructuration personnelle et professionnelle sur les bras. Cela arrive malgré eux et c’est souvent sans préparation.

La porte de leur emploi s’est fermée et souvent la porte de tout leur secteur d’emploi se ferme elle aussi en même temps.

Nous aussi comme conseiller-ères nous avons une restructuration à faire:

  • Inventorier les compétences, évaluer les transferts possibles, réorienter et ré-équiper
  • Établir un plan qui soit assez clair et qui se déroule en étapes

Dans les cas de restructuration, c’est l’entreprise qui en porte la responsabilité. De plus, la restructuration touche souvent d’autres collègues. Il y a donc moins risque de porter les séquelles du sentiment d’incompétence.

L’épuisement professionnel

Bien qu’il y ait plusieurs causes à l’épuisement professionnel, la surcharge de travail est parmi les plus fréquentes. Étrangement, il y a souvent un sentiment de culpabilité rattaché à ce phénomène. En épuisement professionnel, les gens deviennent moins productifs, ce qui a pour effet d’augmenter l’anxiété déjà considérable.  La charge émotionnelle est importante et il peut être sage de consulter un professionnel en psychothérapie. Dans le cadre de la recherche d’un nouvel emploi, il sera important d’aborder le sujet du partage des responsabilités : la pression qu’ils ont subie et celle qu’ils se sont imposée.

Comme conseiller-ères en transition et gestion de carrière, nous intervenons au niveau de la connaissance de soi :

  • Prendre le temps de préciser un type d’emploi et un environnement de travail en accord avec les valeurs et les limites de la personne
  • Identifier ses priorités personnelles et professionnelles, ce qui aide à se re-situer
  • Aborder ce « trou » dans le curriculum vitae et appliquer la bonne stratégie pour l’inclure dans le parcours professionnel

Le cheminement vers la prise de conscience, l’acceptation et le retour de l’estime de soi fait partie du processus de recherche d’emploi et nous devons en tenir compte. 

Pour conclure, rappelons-nous que les personnes en situation de perte d’emploi sont des travailleurs et des professionnels expérimentés qui sont temporairement « en disponibilité ». Qu’ils soient journaliers ou gestionnaires, nous avons le devoir, comme intervenant, de les traiter dignement et le pouvoir de leur insuffler la fierté de leur expérience professionnelle.  Et c’est, indéniablement, l’une des raisons qui nous poussent à faire ce métier.

Pour en apprendre davantage Une étude australienne a été réalisée concernant les effets sur la santé mentale des milieux de travail toxiques. Vous pouvez lire les résultats en anglais sur le site du British Medical Journal ou le résumé écrit par le journal Le Devoir.

Par Diane Chevalier
Conseillère en transition et gestion de carrière, spécialisée pour Cadres et professionnels

Partager

Infolettre

Suivez-nous :

Calendrier des événements

Offres d'emploi